25 novembre 2024

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Les Chroniques du Doyen : Faut-il fermer l’arène nationale ? (Par Majib Sène)

News221 – Il y a deux mois à peine, l’arène a été le théâtre opérationnel d’individus qui à cœur joie, ont saccagé les installations avec une désinvolture digne de la sauvagerie. Des voix s’étaient élevées pour condamner sans réserve le comportement de ces individus indignes de porter l’étendard des sportifs.

Comment peut on s’en prendre volontairement à cette infrastructure qui a coûté plusieurs milliards de nos francs aux contribuables sénégalais, qui auraient préféré voir cet argent investi sur un hôpital ou à la construction d’écoles, à la place des abris provisoires véritables plaies du Ministère de l’éducation nationale ou encore de forages là où l’eau manque cruellement.

D’aucuns s’interrogeaient sur l’opportunité de cette infrastructure, destinée à un milieu où pour rien les nerfs se gonflent où les bagarres rangées se déclenchent facilement et où l’impolitesse est facilement à fleurs de peau. D’aucuns mêmes avaient prédit que l’infrastructure ne résisterait pas longtemps à la furia des écuries, dont la plupart des sociétaires sont incapables de se maîtriser devant les situations conflictuelles.

Aujourd’hui ce sont les sièges qui sont détruits et très certainement demain les vitres prendront le relais. Tout indique à croire que la lutte est rétive à la modernité si bien qu’à la place des sièges en plastique il faut des sièges en béton armé.

À l’occasion des galas de lutte il convient de renforcer la sécurité pour mieux protéger les personnes et les biens. Nous aimons tous la lutte, mais ce n’est pas une raison de laisser faire et de laisser aller. Les auteurs de ces saccages doivent être identifiés et sanctionnés sans cruauté inutile mais aussi sans complaisance coupable. Il appartient aux responsables des écuries d’entreprendre au profit de leurs sociétaires, des sessions de formation et de conscientisation orientée vers l’éthique et la morale toutes choses qui faciliteront leur éducation.

Si la situation ne change pas en bien, il ne serait pas surprenant que les autorités décident à leur corps défendant de fermer l’arène, le temps d’y voir un peu plus clair.

Ce serait dommage pour la lutte, qui sécrète bien des passions mais qui est également un moyen de gagne pain pour ceux d’entre les plus doués.

Le président des amateurs de lutte, Doudou Diagne Diecko, un homme de consensus a un rôle à jouer dans le cadre que voilà tant il est vrai que sans amateurs et vice-versa il nya point de lutte.

Aimer la lutte ne doit pas nous voiler la face, au point de nier que ce que nous avons déploré aujourd’hui dans l’arène est une nouveauté. Loin s’en faut car l’on se souvient que l’acte de décès des arènes sénégalaises de Fass a été acté à l’occasion d’un combat avorté . Certes des efforts considérables ont été faits pour civiliser la lutte, qui n’arrive toujours pas à dépasser ses contradictions. Nous espérons que l’association des lutteurs en activité, le regroupement des managers de concert, avec toutes les structures qui gravitent autour de la lutte se concertent pour trouver rapidement les solutions susceptibles de mettre un terme au vagabondage qui ternit l’image des arènes sénégalaises.

Avec les gros cachets qui sont réclamés par les lutteurs, les promoteurs ne peuvent s’en sortir que si les sponsors les appuient. Or, ces manifestations dégradantes et insolentes sont de nature à décourager les sponsors qui ne veulent pas que leurs noms et produits soient mêlés à des manifestations comparables à des bacchanales .

Nous avons tous plaidé pour le retour des argentiers dans l’arène, mais avec d’aussi déplorables comportements nés d’une inconscience notoire nos appels risquent de se perdre dans le désert.

De nos jours on constate avec regret et désolation, l’indiscipline qui caractérise beaucoup de nos compatriotes dont le comportement éhonté dans la société s’identifie à la jungle. Cette attitude transformationnelle qui jure d’avec nos valeurs et vertus constitue une douloureuse plaie qui trône sur le front du Sénégal, réputé autrefois pays des bonnes manières.

Ce malheur provient indiscutablement de nos désirs d’ouverture, plus que d’enracinement alors que c’est l’inverse qui nous était enseigné. Si nous ne prenons garde dès maintenant notre bateau risque de tanguer sans plus jamais se redresser.

Majib Sène