24 novembre 2024

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ABDOURAHMANE DIOUF : « SENGHOR N’A JAMAIS VOULU SE DÉPARTIR DE LA FRANCE »

News221 – « Tout ce qui a été fait de l’indépendance à nos jours peut être considéré comme un échec ». C’est Dr Abdourahmane Diouf qui le dit. S’il en est ainsi, c’est parce que, a-t-il expliqué à l’émission JDD, les pères fondateurs de l’indépendance, Senghor en particulier, n’ont pas pensé à mettre en place une République totalement endogène. Une République complètement assise sur les valeurs et les croyances du pays. Pour lui, ce qui justifie le retard du Sénégal est que Léopold Sédar Senghor, son premier président, n’a jamais voulu se départir de la France. « J’aime Senghor. Je suis un de ses admirateurs. Mais, il m’arrive de ne pas comprendre certaines de ses positions. Le 1 juillet 1967, il est allé en France rendre visite à son ami (Georges) Pompidou, avec qui il a partagé la même classe. Et sur le perron de Matignon, Senghor a tenu cette phrase que j’ai trouvé terrible. Je suis désolé. Il a dit aux Français : ’’ Vous avez eu 5 siècles d’assistance technique. (C’est-à-dire, les Gaulois ont eu 5 siècles d’assistance technique de la part des Romains). Et que nous aux autres Africains Sénégalais, nous aurons besoin d’une assistance technique, d’au moins, 1 siècle’’. C’est un regard qui perdure et qui fait que nous n’avons pas une vision à la Sénégalaise », déclare Diouf.

Il poursuit : ’’ Si vous êtes indépendant et que vous pensez que la vision de votre République pour les 100 prochaines années doit venir de la France de DeGaulle ou de Pompidou, cela veut dire que tu n’es pas dans une logique d’endogéneïté qui vous permette de bâtir la vraie République sénégalaise. Et cela, nous n’en sortons pas. L’exemple que je donne, c’est le ministre de l’Economie du Sénégal. Il travaille pour 5% de l’économie sénégalaise. Les 95 % qui sont dans l’économie informelle et qui font fonctionner ce pays ne sont pas dans son viseur. Lui, en tant que ministre de l’Economie, il travaille pour le secteur formel. Son budget, ses politiques publiques sont cadrés pour le secteur formelle. Nous fonctionnons comme la France ou les États-Unis alors que nous n’avons pas les mêmes réalités’’, a-t-il relevé.