Le monde rural rencontre, partout dans le monde, d’énormes défis pour recevoir les mêmes services que le monde urbain qui est situé dans des endroits à plus forte densité de population et qui dispose d’une voix plus audible pour faire connaître ses manques.
C’est la raison pour laquelle, les Etats, soucieux ne laisser personne à bord, s’évertuent à garantir, à tous les citoyens, quelque puisse être leur lieu l’habitation sur le territoire national, un servicepublic d’égale qualité.
Au Sénégal, ce principe d’équité territoriale a motivé l’introduction de la notion d’accès et de service universel dans la loi n°2001-15 portant Code des Télécommunications. L’objectif étant d’assurer pleinement la mission de service public et d’éviter l’exclusion de certaines catégories d’usagers ou de zones géographiques éloignées économiquement non rentables. Un Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT) a ainsi été mis en place, ciblant notamment les régions périphériques du pays.
En dehors de ces zones considérées comme non viables, économiquement parlant, l’Etat a octroyé des concessions à des opérateurs de réseaux télécommunications, en leur confiant la mission de délivrer aux populations un service de voix et de données de qualité, moyennant le paiement de frais d’abonnement et d’utilisation de leurs réseaux.
Aujourd’hui, ces sociétés (Sonatel, Free, Expresso) peinent manifestement à respecter le contrat ainsi établi avec l’Etat ; ce qui leur vaut régulièrement, à des degrés divers, des sanctions pécuniaires de l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes que certaines d’entre elles daignent contester devant les tribunaux.
Sur le terrain, le constat est patent. Dans la commune de Niomré, où je suis maire, depuis un an, les habitants m’interpellent régulièrement sur la mauvaise qualité du réseau Orange de la Sonatel (qui concentre le plus grand nombre d’abonnés), allant parfois jusqu’à la quasi-impossibilité de recevoir des appels et de se connecter à Internet. Dans mes tournées fréquentes dans les villages de la commune, je dois moi-même en faire l’amère expérience et la seule solution consiste très souvent à patienter plusieurs heures, le temps de rejoindre une zone urbaine connectée, pour faire usage des outils de données et même parfois de voix et de messagerie.
Devant cette situation, j’ai interpellé à deux reprises la Sonatel, qui a promis, une première fois, de faire elle-même les tests sur plusieurs sites de la Commune de Niomré, afin d’étudier les solutions correctrices à apporter. Jusqu’à aujourd’hui, la situation n’a pas évolué et la qualité de connexion semble même s’être détériorée ces dernières semaines, pour des raisons inconnues. Les difficultés sont constatées jusque dans le village-capitale de la Commune qui est pourtant fortement densifié.
Et, chaque mois, les clients doivent payer les abonnements sur le réseau internet fixe de la Sonatel, installé dans les domiciles, même si la connexion n’est pas assurée par la compagnie de télécommunications. Ce qui est doublement pénalisant.
Il s’y ajoute qu’aucune des sociétés de télécommunications installées dans la Commune ne paie de taxes liées à l’installation de pylônes dans les villages, sur des terrains délibérés par le Conseil municipal, pouvant atteindre chacun un hectare, malgré le vote par la Commune d’une taxe dédiée et les correspondances que la Mairie a adressées depuis l’année dernière à ces sociétés.
La seule issue semble être la voie judiciaire, si les sociétés continuent à faire la sourde oreille. Et cette situation concerne sans doute plusieurs autres communes du pays.
Il est donc devenu urgent de corriger cet état de fait qui nuit gravement à l’équité entre les citoyens du pays et favorise un enrichissement sans cause des sociétés de télécommunications.
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