News221 – 36 corps repêchés en 24 heures.
Des jeunes, nos jeunes, noyés dans l’espoir brisé de trouver une vie meilleure.
Sommes-nous vraiment conscients de ce qui se passe ?
Je pense que non.
Nous avons appris à vivre avec l’horreur.
Chaque jour, l’émigration clandestine et les tragédies routières fauchent des vies, et nous regardons ailleurs, presque comme si c’était devenu une normalité.
Il y a quelques années, nous étions prompts à critiquer les régimes passés, accusant leurs dirigeants d’avoir abandonné la jeunesse, de n’avoir su lui offrir que le désespoir comme seule perspective d’avenir.
Nous disions que c’était la raison pour laquelle nos enfants fuyaient en mer, dans des pirogues de fortune, pour échapper à une vie sans horizon.
Aujourd’hui, malgré la victoire historique aux élections présidentielles, malgré l’espoir suscité par l’élection de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, cet espoir tant attendu n’est toujours pas revenu pour beaucoup.
La mer continue de prendre nos enfants, les routes continuent de dévorer les vies de ceux que nous aimons.
Ce qui est effarant, c’est que nous semblons plus réactifs à la mort d’un seul manifestant qu’à ces centaines de vies anéanties par l’émigration clandestine ou les accidents de la route.
Pourquoi ?
Pourquoi la tragédie silencieuse de nos compatriotes qui meurent en cherchant à fuir leur propre pays ne suscite-t-elle pas la même indignation ?
Pourquoi ces vies sont-elles perçues comme moins importantes ?
Avons-nous, en tant que nation, accepté la mort de nos enfants comme une fatalité ?
Sommes-nous si insensibles que la mort collective devient une statistique, alors qu’une mort isolée provoque une onde de choc ?
Si les régimes précédents n’ont jamais pris ces questions au sérieux, nous, en tant que nouveau pouvoir, n’avons aucun droit de les traiter avec la même négligence.
La vie de chaque citoyen sénégalais, qu’il soit sur une route meurtrière ou dans une pirogue qui chavire, est ce que notre République a de plus précieux.
C’est notre devoir, en tant que dirigeants, en tant que citoyens, de faire de la préservation de chaque vie notre priorité absolue.
Nous ne pouvons plus nous contenter de discours.
Il faut agir.
Et agir maintenant.
Redonner espoir à nos jeunes ne doit plus être un slogan politique, mais une réalité concrète.
Créer des opportunités ici, pour qu’ils n’aient plus à risquer leur vie là-bas.
Renforcer la sécurité routière, moderniser nos infrastructures, sensibiliser nos concitoyens pour que nos routes ne soient plus des cimetières à ciel ouvert.
Nous devons sortir de cette indifférence mortelle.
Ces drames ne sont pas des statistiques.
Ils sont des vies, des familles, des rêves brisés. Ils sont le reflet de notre échec collectif.
Et cet échec, nous ne pouvons plus nous permettre de le tolérer.
Si nous voulons vraiment construire un Sénégal où chaque vie compte, il est temps de faire face à ces fléaux avec la détermination, la dignité et l’humanité que nos morts méritent.
Parce qu’il n’y a rien de plus précieux que la vie, et c’est à nous de la protéger, coûte que coûte.
Ameth DIALLO
Habitant du département de Mbour,
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