24 novembre 2024

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Infrastructure en Afrique :  » boutoir » sur la corruption

Diamniadio durant le second Sommet sur le financement des infrastructures, le 2 et 3 février à Dakar, acteurs politiques et bailleurs de fonds s’accordent sur 100 milliards de dollars d’investissements publics et privés annuels dans les infrastructures pour exploiter l’énorme potentiel économique du continent.

L’effort annuel d’investissement pour la mise à niveau des infrastructures en Afrique représente donc 4% du PIB annuel de l’Afrique estimé en 2022 à 2 950 milliards de dollars soit l’équivalent du PIB de la France qui est la 7ème puissance économique du monde derrière l’Allemagne et la Grande Bretagne. Ainsi tout le continent représente moins de 3% du PIB mondial.

 

La pandémie de la covid 19, le conflit ukrainien combiné à la hausse des taux d’intérêt par la FED américaine ont fait reculer l’Afrique de presque 10 ans en arrière avec un manque à gagner économique et financier. Heureusement que la jeunesse de la population africaine à permis de limiter la casse sanitaire de la pandémie qui à été moins grave en Afrique qu’ailleurs dans le monde. l’Afrique a évité la catastrophe grâce à sa pyramide des âges.

 

Malheureusement sur le plan social 30 millions d’africains sont tombés dans l’extrême pauvreté (vivant avec moins de 1,90 USD par jour) en 2020, et on estime que ce chiffre est passé à 39 millions en 2021. Au total, on estime que 465,3 millions de personnes, soit 34,4 % de la population africaine, étaient en situation d’extrême pauvreté en 2021. Les restrictions concernant les déplacements et les échanges commerciaux ont permis de juguler les infections, mais elles ont coûté très cher aux économies africaines déjà fragilisées.

 

Malheureusement les effets économiques et sociaux ravageurs ont été aggravés par la grande corruption associée aux dépenses de COVID-19, dont certaines ont affecté les populations qui ont cotisé et bien sûr les bailleurs de fonds . En réponse à la pandémie, plusieurs organismes bailleurs ont soutenu les gouvernements africains grâce à divers montages financiers. À eux deux, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont fourni environ 57 milliards de dollars pour aider l’Afrique, l’Union européenne s’est jointe à cet effort en donnant des subventions budgétaires aux gouvernements du continent. Il fallait faire face à la fragilité du système sanitaire, nourrir les populations affectées par les restrictions et acheter des vaccins. Le La plupart de ces dépenses ont été faites sous le blanc-seing de l’urgence, en dehors des lois sur l’achat public et sans obligation de rendre des comptes. Et ce fut la boîte à pandore.

 

Au Cameroun, un audit réalisé en 2021 a révélé le détournement d’environ 333 millions de dollars destinés à réagir à la pandémie en 2020. En Afrique du Sud le ministre de la santé est mis en congé pendant la durée de l’enquête sur des contrats irréguliers pour un montant de 10 millions de dollars. L’opinion publique sud-africaine s’est également emportée contre le gonflement présumé de contrats publics pour l’achat de fournitures médicales d’une valeur de 900 millions de dollars.

 

 

 

Au Malawi, les fonctionnaires s’étaient entendus avec le secteur privé pour détourner 1,3 million de dollars de fonds COVID-19. Au Kenya les autorités sanitaires en charge des fournitures médicales auraient dérobé environ 400 millions de dollars destinés à l’achat de matériel médical, et la Commission d’éthique et de lutte contre la corruption du pays a révélé d’autres dépenses irrégulières s’élevant à environ 71,96 millions de dollars. Le Vérificateur général kenyan sur les dépenses liées à la COVID-19 a révélé le détournement de plus de 69 millions de dollars.

 

Au Ghana les autorités de la santé avaient acheté le vaccin russe Sputnik V au prix unitaire de 19 dollars au lieu du prix d’usine de 10 dollars la dose. Au Nigeria, le ministre de la santé achète 1 800 masques de protection pour un montant de 96 000 dollars. En Ouganda, quatre hauts fonctionnaires ont été arrêtés pour avoir surfacturé des produits destinés à l’aide alimentaire dans le cadre de la COVID-19, ce qui a entraîné une perte de 550 000 dollars US.

 

Au SENEGAL c’est seulement une partie de l’iceberg des fonds Covid 19 avec une prestataire de voyage qui exécute plus de 10 milliards de FCFA de biens et services médicaux sans la qualification adéquate dans une opacité totale qui cache surfacturation et détournement. Les populations africaines souffrent ou meurent et les dirigeants se gavent de leur souffrance.

 

Les systèmes judiciaires sont devenus inertes au fil des temps, leur efficacité s’étiole devant l’impunité du régime politique.

 

La corruption et les détournements publics causent, à eux seuls, une perte annuelle estimée à 148 milliards de dollars, selon la BAD. Ce montant représente 4 % du PIB de l’Afrique donc beaucoup plus que les besoins annuels du continent pour ses infrastructures. L’Afrique à les moyens de ses infrastructures si le continent éradique la corruption et le vol des deniers publics. C’est ce discours la qu’on n’a pas entendu les 2 et 3 de ce mois à DIAMNADIO.

 

 

 

Moustapha DIAKHATE

Ex Conseiller PM

Expert en infrastructure et énergie.