La politique dans sa version la plus rétrograde, fait vivre les moments les plus épouvantables à la justice sénégalaise ! Ils ne sont pas très nombreux les sénégalais qui croient encore à l’indépendance de la justice de ce pays. Celle-ci, fortement éprouvée par toutes sortes d’affaires, se trouve fortement ébranlée dans ces assises morales, philosophiques, sociales voire même juridiques. Le halo de mystère et de majesté qui enveloppait cette institution si prestigieuse, commence dangereusement à tomber en lambeaux. Certaines accusations gravissimes, portées contre des magistrats, qu’elles soient vraies ou fausses, ne contribuent pas à donner de l’institution qu’ils incarnent la respectabilité qui devrait l’accompagner partout et toujours. Si un jour, on devait conter l’histoire de l’institution judiciaire du Sénégal, il ne fait nul doute que la séquence temporelle, 2000 à nos jours, serait la plus sombre et la plus tragique. Des hommes et femmes, dépourvus de toute élégance républicaine se sont emparés des rênes du pouvoir pour dévoyer profondément de l’essence de l’Etat républicain.
Tout est sens dessus, sens dessous ! On ne reconnaît plus cette république que nous a laissée, Senghor. Et dans tout cela, ce qui fait le plus mal, c’est le traitement infligé à la justice. Celle-ci qui devait être le dernier rempart pour défendre le faible, la veuve et l’orphelin, fonctionne malheureusement sur le registre du Coumba am ndèye, Coumba amoul ndèye. Une telle posture, dénoncée par certains magistrats, a fini de fragiliser l’institution. Laquelle, connaît aujourd’hui une descente aux enfers aux conséquences terribles pour la société dans sa globalité. La question est de savoir pourquoi nous en sommes arrivés là ? Je crois savoir et c’est là mon humble avis que les magistrats dans leur ensemble, ont une grosse part de responsabilité dans ce qui arrive à l’entité judiciaire. Beaucoup n’ont pas su résister à certaines tentations et autres formes de pression pour n’écouter que la voix de leur conscience. Et maître, Abdoulaye n’avait pas tort quand il disait au sortir d’un conseil de la magistrature quelque chose du genre. Je le cite de mémoire : « Personne ne s’oppose à l’indépendance des magistrats. Seulement si le magistrat lui-même ne veut pas de cette indépendance, personne n’y peut rien ». Aveu de taille qui est révélateur de la posture morale de bon nombre de nos magistrats. Ne soyons pas alors surpris des mille et un dysfonctionnements au niveau de la justice. Et ce n’est pas tout ! Alioune Ndao, ex procureur de la cour de répression de l’enrichissement illicite, abonde quelque part dans le même sens que Wade. Dans une interview, accordée au site, Jotaay.net, il martèle ces vérités irréfutables : « on a besoin d’une justice indépendante dans ce pays, c’est ce qui manque le plus. L’ancien bureau (ndlr : de l’Union des magistrats sénégalais, UMS) faisait de cette indépendance de la justice un point de bataille important, mais ce qu’on remarque actuellement, c’est que le nouveau bureau a carrément abandonné cette question-là. On a l’impression que les magistrats se soumettent au pouvoir exécutif. Ils ne se battent plus pour l’indépendance de la justice et c’est vraiment regrettable. » Qui peut contester la véracité d’un tel discours ? Personne ! Surtout avec un pouvoir exécutif tout puissant pour dicter sa loi ! Au Sénégal, et pour paraphraser un célèbre avocat, maître, Doudou Ndoye…Le président de la république du Sénégal a tous les pouvoirs. Poursuivant sa brillante démonstration au micro de la journaliste, Maïmouna Faye Ndour ; l’avocat ajoutera ceci : « que nous vivons dans une république royaliste. » Il n’a pas tort ! Mettons en parallèle ces mots terribles de Doudou Ndoye et qui sont révélateurs d’une gouvernance démocratique au rabais avec cette déclaration sortie de la bouche même de Macky Sall : « J’ai mis le coude sur certains dossiers ». Ce bout de phrase en dit long sur la mainmise totale de l’exécutif sur les autres pouvoirs. Ce qui ne fait que corroborer les affirmations de maître, Doudou Ndoye. Au demeurant, cette justice entre les mains de l’exécutif n’est pas facteur de progrès pour un pays. Au contraire ! Elle ouvre la voie à toutes sortes de dérapages préjudiciables à l’économie, à la cohésion sociale. Quand le citoyen lambda, a le sentiment bien ancré chez lui que la justice est manipulée, qu’elle est aux ordres ; alors bonjour les dégâts ! Suivez mon regard ! Et si on n’y prend garde, on risque d’en arriver à des situations difficilement maîtrisables. Alors qu’il est encore temps, mettons fin à toutes ces arrestations et autres procès à relent politique indiscutable. Au fait, ce pays déchiré, a besoin de réconciliation. Réconciliation des cœurs et des esprits ! Et dans cette direction, Macky Sall, garant de la stabilité du pays a un rôle important à jouer pour faire revenir la sérénité dans le pays.Ce qui s’y passe actuellement n’est pas bon pour l’image du pays. Vivement que la justice sénégalaise revienne aux fondamentaux qui pourraient la placer au rang d’institution de référence dans la sous-région et ailleurs. Une justice qui n’a rien à voir avec cette justice à deux vitesses, brillamment décrite par Keemtaan Gui dans l’édition du journal le Témoin du mercredi 21 Décembre 2022 : « Une justice féroce avec les faibles et terriblement complaisante avec les forts. Les faibles comme ce jeune apprenti-chauffeur condamné à… deux ans de prison pour avoir arraché… la perruque d’une passagère dans un véhicule de transport en commun.
Tant pis pour ce pauvre qui n’a pas des parents dans les allées du pouvoir et dont le crime n’égale en rien ceux commis par des gens qui ont procédé à un véritable carnage de nos finances publiques. » Vérité qu’on peut difficilement contester hélas ! Pour dire vrai, la justice sénégalaise a plus que jamais besoin d’un véritable aggiornamento pour répondre aux exigences de l’heure. Aux exigences d’une marche forcée de l’histoire qui n’a que faire de nations affligées par une gouvernance ne répondant pas aux standards pouvant les placer sur une rampe d’excellence. Et maintenant à la justice sénégalaise de choisir : la voie de l’honneur et de la dignité ? Où la voie de la déchéance ? L’histoire jugera !
Fait à Pikine le 23 / 12/2022
Assistant Social, Conseiller en Travail Social
Dans la même rubrique
Dr. Mohamed Diallo, Président de la Coalition Pôle Alternatif 3ème voie Kiraay ak Natangué sort un communiqué à la suite des résultats provisoires
Elimane Lam fait Docteur Honoris Causa par l’école des Patrons internationaux CVPT
Urgent- Papa Doro Gaye gravement malade